De Hyundai et Kia à Tesla : voici comment les taxes douanières de Trump sur les automobiles vont affecter les constructeurs automobiles

Le président américain Donald Trump a annoncé de nouveaux droits de douane de 25 % sur les voitures et les pièces automobiles, une mesure qui menace d’aggraver les tensions commerciales mondiales.

Les taxes douanières pour les importations de véhicules entreront en vigueur le 2 avril, les taxes sur les pièces détachées devant suivre en mai ou plus tard.

Trump a défendu cette décision, arguant qu’elle stimulerait l’industrie automobile américaine en créant des emplois et en attirant des investissements.

Cependant, les analystes avertissent que cette politique pourrait se retourner contre elle en perturbant les chaînes d’approvisionnement mondiales, en augmentant les prix des véhicules et en détériorant les relations avec des alliés clés, notamment le Japon, la Corée du Sud, l’Allemagne et le Mexique.

On s’attend également à ce que les droits de douane fassent augmenter le coût des véhicules vendus aux États-Unis.

Les analystes de Bernstein estiment que les nouvelles taxes pourraient augmenter les dépenses des constructeurs automobiles de 75 milliards $ par an, des coûts qui seront probablement répercutés sur les consommateurs.

Les acheteurs à revenu moyen seront les plus touchés par ces hausses de prix.

Des modèles abordables comme le Chevrolet Trax, fabriqué en Corée du Sud, pourraient devenir inaccessibles à de nombreux acheteurs américains.

« Les personnes situées en bas de la pyramide des acheteurs seront les plus touchées », a déclaré Erin Keating, analyste principale chez Cox Automotive.

Les constructeurs automobiles asiatiques touchés par la chute des cours boursiers

Les constructeurs automobiles asiatiques ont été parmi les plus durement touchés après l’annonce de Trump.

Les actions Toyota et Honda ont chuté respectivement de 2,74 % et de 3,05 %, tandis que Nissan, qui possède deux usines au Mexique, a reculé de 1,84 %.

Mazda Motor a subi la plus forte baisse, plongeant de plus de 6,4 %, tandis que Mitsubishi Motors a également enregistré une chute de 4 %.

Les constructeurs automobiles sud-coréens ont également connu un ralentissement, Kia Motors ayant chuté de plus de 3 %. Kia, qui exploite une usine de fabrication au Mexique, est fortement exposée aux taxes douanières.

Les constructeurs automobiles chinois n’ont pas été épargnés non plus, Nio ayant chuté de 3,94 % et Xpeng de 1,97 %.

En Inde, Tata Motors, propriétaire de Jaguar Land Rover (JLR), a vu ses actions chuter de plus de 6 % en raison des craintes d’une baisse des ventes de la société aux États-Unis.

Hyundai et Kia pourraient voir leurs marges diminuer

L’agence de notation de crédit CreditSights a averti que Hyundai Motor et sa filiale Kia pourraient subir des tensions financières en raison des taxes douanières.

Les prélèvements de 25 % pourraient faire chuter leurs marges opérationnelles mondiales à moins de 6 %, contre 9 % prévus, ce qui pourrait entraîner des dégradations de leur notation de crédit.

Les taxes douanières pourraient affecter 60 % des véhicules Hyundai-Kia vendus aux États-Unis, avec une augmentation de coût estimée à 25 % par unité.

Le groupe ne pourra probablement répercuter que 5 % de l’augmentation des coûts prévue, et l’impact des taxes douanières pourrait anéantir sa rentabilité aux États-Unis, a indiqué l’agence.

Malgré un investissement de 21 milliards $ dans ses plans d’expansion aux États-Unis, Hyundai a tout de même importé plus d’un million de véhicules aux États-Unis l’année dernière, représentant plus de la moitié de ses ventes américaines.

Selon Hyuk Jin Yoon, analyste chez SK Securities, les deux constructeurs automobiles sud-coréens pourraient devoir payer jusqu’à 10 000 milliards de wons (7 milliards $) de taxes de douane par an, ce qui anéantirait près de 40 % de leurs bénéfices d’exploitation.

Toyota et Volkswagen sont également vulnérables

Toyota, le plus grand constructeur automobile mondial, est également menacé malgré ses importantes opérations de fabrication aux États-Unis, au Kentucky, en Indiana, au Mississippi, au Texas, en Virginie-Occidentale et en Alabama.

L’entreprise importe encore environ la moitié des véhicules qu’elle vend aux États-Unis.

Volkswagen, le premier constructeur automobile européen, est tout aussi vulnérable.

S&P Global Mobility estime que 43 % des ventes de Volkswagen aux États-Unis proviennent du Mexique, ce qui en fait une cible clé de la politique commerciale de Trump.

Ford devrait subir un impact moins important que ses concurrents

Ford Motor Co. pourrait également subir un impact moins important que certains de ses concurrents, environ 80 % des voitures qu’elle vend aux États-Unis étant construites sur le territoire national.

Cependant, le constructeur automobile assemble son petit pick-up d’entrée de gamme Maverick au Mexique, ainsi que le SUV compact Bronco Sport et le véhicule électrique Mustang Mach-E.

General Motors importe certains pick-up Chevrolet Silverado de ses usines au Mexique et au Canada, ainsi que le SUV compact d’entrée de gamme Chevy Trax de Corée du Sud et le SUV multisegment Chevrolet Equinox.

L’Equinox et le Trax, qui figurent parmi les modèles les plus abordables de GM, ont tous deux vu leurs ventes dépasser les 200 000 unités l’année dernière.

De plus, l’entreprise fabrique des versions électriques de l’Equinox et du Blazer au Mexique.

Stellantis NV, quant à elle, produit les SUV Jeep Compass et Wagoneer S au Mexique, ce qui en fait un autre acteur majeur touché par les taxes douanières.

Tesla pourrait émerger comme un gagnant parmi les perdants

Parmi les constructeurs automobiles les plus touchés, Tesla semble être un rare bénéficiaire des nouvelles taxes.

Le géant des véhicules électriques produit toutes ses voitures vendues aux États-Unis sur le territoire national, dans des usines en Californie et au Texas, le protégeant ainsi des taxes douanières de 25 %.

Bien que Tesla puisse encore faire face à des coûts de production plus élevés en raison des taxes douanières sur les pièces importées, son isolement relatif par rapport aux importations de voitures étrangères lui confère un avantage concurrentiel sur ses rivaux.

Trump a rejeté les spéculations selon lesquelles le PDG de Tesla, Elon Musk, aurait influencé la décision sur les taxes douanières, déclarant : « Il ne m’a jamais demandé de faveur en affaires, absolument jamais. »