
Le tourisme américain s’effondre : quelle est l’ampleur des dégâts et qui sont les plus grands perdants ?
- On s'attend désormais à une baisse de 9,4 % des arrivées internationales aux États-Unis.
- Les compagnies aériennes, les hôtels et les industries liées au tourisme signalent des pertes importantes.
- Les interdictions de voyage, les détentions et les politiques frontalières ont entraîné des annulations.
Le tourisme américain s’effondre en 2025, et cela devient l’une des conséquences économiques les plus immédiates du retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Les compagnies aériennes réduisent leurs liaisons. Les chaînes hôtelières n’atteignent pas leurs objectifs de revenus. Les réservations internationales se sont évaporées.
La plus grande économie de consommation au monde voit des milliards de dollars de touristes étrangers disparaître presque du jour au lendemain.
Pourquoi tout le monde tourne le dos aux États-Unis ?
Copy link to sectionSelon de nouvelles données de Tourism Economics, les arrivées internationales devraient désormais diminuer de 9,4 %, contre une hausse de 9 % prévue précédemment.
L’un des principaux facteurs de ce déclin est le climat politique et diplomatique sous le second mandat du président Donald Trump.
Les taxes douanières, les politiques frontalières et la rhétorique publique ont rendu les États-Unis moins attractifs pour les voyageurs d’agrément et d’affaires.
Le rôle du Canada en tant que principale source de tourisme international pour les États-Unis a été gravement perturbé.
Pour remettre les choses dans leur contexte, environ 20 millions de touristes canadiens ont visité les États-Unis en 2024.
Avec 77 millions de touristes recensés en 2024, la contribution du Canada s’élève à 26 %.
Mais depuis que Trump a annoncé des taxes douanières de 25 % sur de nombreux produits canadiens, le trafic à certaines frontières a diminué jusqu’à 45 % certains jours.
Air Canada a signalé une baisse de 10 % des réservations pour la période d’avril à septembre.
Un sondage mené par Léger en mars a révélé que 36 % des Canadiens qui avaient prévu de se rendre aux États-Unis ont déjà annulé leur voyage.
Selon la société d’analyse aéronautique OAG, les réservations sur les liaisons Canada-États-Unis ont diminué de plus de 70 % par rapport à la même période l’année dernière.
De plus, le Mexique, deuxième plus grande source de visiteurs aux États-Unis, a enregistré une baisse de 6 % des voyages aériens en février par rapport à 2024.
Durant le premier mandat de Trump, les voyages en provenance du Mexique n’avaient diminué que de 3 %.
Les changements dans le contrôle des frontières et l’hostilité perçue devraient accentuer cette baisse cette année.
L’Europe se détourne également des États-Unis
Copy link to sectionL’Europe occidentale a représenté 37 % des voyages à l’étranger des Américains en 2024.
Les réservations anticipées pour les voyages estivaux d’Europe vers les États-Unis ont diminué de 25 %, selon Accor SA, l’un des plus grands groupes hôteliers mondiaux.
Les attitudes en Europe se sont fortement détériorées depuis la réélection de Trump.
Un sondage de YouGov réalisé en mars a révélé que les opinions défavorables à l’égard des États-Unis avaient atteint des niveaux record.
En Allemagne, 56 % des personnes interrogées ont désormais une opinion défavorable des États-Unis, contre 53 % en Grande-Bretagne et 74 % au Danemark.
Ce sont les niveaux les plus élevés depuis le début des sondages en 2016.
Les détentions de personnalités publiques aggravent la perception de la situation. En mars, une femme britannique a été détenue pendant 10 jours en raison d’un problème de visa.
Une Canadienne qui tentait de renouveler son visa à la frontière entre les États-Unis et le Mexique a été détenue pendant 12 jours et aurait été menottée.
Ces histoires se sont largement répandues et ont conduit à des mises à jour des conseils aux voyageurs du Royaume-Uni, de l’Allemagne et d’autres pays.
Le 15 mars, le gouvernement britannique a ajouté de nouveaux avertissements indiquant que les voyageurs pourraient être détenus même pour des infractions mineures.
Plusieurs gouvernements européens, dont ceux de la France, de l’Allemagne et de la Norvège, ont mis en garde les citoyens transgenres et non binaires contre les nouvelles exigences d’entrée aux États-Unis.
Les États-Unis exigent désormais que tous les touristes déclarent leur sexe biologique à la naissance sur les demandes de visa, renforçant les inquiétudes selon lesquelles les États-Unis ne sont plus une destination accueillante pour de nombreux voyageurs.
Pendant ce temps, d’autres pays captent déjà la demande.
Les hôtels des Bermudes enregistrent une forte augmentation des réservations en provenance du Canada.
Les propriétés locatives en Europe signalent une augmentation de 32 % des réservations estivales de clients canadiens.
L’Égypte et l’Amérique du Sud suscitent également un intérêt croissant en tant que destinations long-courriers alternatives.
Événements mondiaux à risque
Copy link to sectionLe moment de ce déclin ne pourrait pas être pire. Les États-Unis se préparent actuellement à accueillir deux grands événements sportifs mondiaux.
La Coupe du monde de la FIFA 2026 se déroulera aux États-Unis, au Canada et au Mexique.
De plus, les Jeux olympiques d’été de 2028 devraient avoir lieu à Los Angeles.
Les experts du voyage et les responsables sportifs craignent que les retards croissants dans la délivrance des visas et les perceptions politiques n’aient un impact sur la fréquentation.
Dans certains pays, les voyageurs pourraient faire face à des délais d’attente pour l’obtention d’un visa pouvant aller jusqu’à 700 jours.
Le Brésil, la Turquie et la Colombie figurent parmi les pays touchés.
Pire encore, avant les élections, les arrivées internationales aux États-Unis approchaient des niveaux d’avant la pandémie.
Tourism Economics estime désormais que ces chiffres ne reviendront pas à ceux enregistrés avant l’année 2029.
Le risque à plus long terme ne concerne pas seulement les pertes de revenus, mais aussi les dommages à la réputation qui peuvent prendre des années à réparer.
Quel est l’ampleur des dégâts financiers ?
Copy link to sectionTourism Economics estime désormais que les dépenses des visiteurs étrangers diminueront d’une somme pouvant atteindre 18 milliards $ cette année.
Cela inclut une baisse de 9 milliards $ des dépenses des touristes étrangers uniquement par rapport à 2024.
L’Association américaine du tourisme a averti qu’une baisse de 10 % des arrivées de Canadiens pourrait se traduire par deux millions de visiteurs en moins, 2,1 milliards $ de dépenses perdues et 14 000 emplois perdus dans l’hôtellerie et le tourisme.
Les marchés financiers commencent à refléter ces risques. Les actions des principales compagnies aériennes telles qu’United Airlines, Delta et American Airlines ont chuté, enregistrant une baisse de 30 à 40 % depuis le début de l’année.
La plupart des compagnies aériennes américaines voient leurs notes dégradées.
Le secteur hôtelier est confronté à des difficultés similaires, notamment pour les marques possédant un important portefeuille aux États-Unis.
Les entreprises de distribution alimentaire, les compagnies aériennes et les salons d’aéroport comme Aramark et Performance Food Group, pourraient également subir des répercussions indirectes sur leurs ventes.
De plus, la tendance actuelle présente une contradiction économique visible.
Les taxes douanières étaient conçus pour réduire le déficit commercial américain en limitant les importations.
Cependant, dans les comptes nationaux, le tourisme étranger est considéré comme une exportation.
Moins de touristes signifie moins de dollars étrangers dépensés aux États-Unis, ce qui aggrave le déficit commercial.
Il est fort probable que la baisse du tourisme américain ne fera qu’empirer.
Il ne s’agit plus seulement de séjours à l’hôtel manqués et de vols annulés.
Il s’agit désormais d’un problème économique plus vaste, lié à l’image du pays, aux décisions politiques et à sa position à long terme dans les voyages et le commerce mondiaux.