Les négociants en or prudents face aux prix record ; l’argent prêt à progresser

La hausse incessante de l’or ces derniers mois a entraîné plusieurs records. Aucun n’est aussi significatif que le seuil de 3 000 dollars l’once atteint vendredi.

Les prix de l’or ont grimpé en flèche après la publication des données sur l’inflation américaine pour février, qui ont indiqué que les pressions inflationnistes étaient plus faibles que prévu.

Cela a accru les attentes concernant une baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine dans les prochains mois.

Des taux d’intérêt plus bas soutiennent les prix de l’or, car c’est un métal non productif de revenus.

Approche prudente

« En fin de compte, cela alimente les arguments de ceux qui s’attendent à ce que la Fed reprenne rapidement les baisses de taux en raison des risques économiques croissants aux États-Unis », a déclaré Thu Lan Nguyen, responsable de la recherche sur les matières premières chez Commerzbank AG, dans un rapport.

« Cependant, nous serions prudents quant à l’idée de nous joindre au mouvement trop tôt. »

Le cours de l’or a atteint un record de 3 017,10 $ l’once sur le COMEX la semaine dernière. Les prix ont depuis légèrement baissé, repassant sous la barre des 3 000 $.

Au moment de la rédaction de cet article, le contrat or d’avril sur le COMEX s’établissait à 2 999,70 $ l’once, en baisse de 0,1 % par rapport à la clôture précédente.

Les analystes s’attendent à ce que les traders fassent preuve de prudence face au nouveau sommet de l’or.

Selon David Morrison, analyste principal des marchés chez Trade Nation, le fait que l’or soit retombé sous les 3 000 dollars l’once suggère que « les traders considèrent ce niveau comme une zone pour prendre des bénéfices et/ou prendre des positions courtes, plutôt que comme un repère pour les ordres stop-achat et la prise de nouvelles positions longues ».

Il a ajouté :

Mais il semble probable que la plupart des vendeurs à découvert placeront leurs ordres stop un peu au-dessus du chiffre rond. De plus, il faut du temps aux traders pour se sentir à l’aise dans un territoire inexploré.

Les risques inflationnistes persistent.

Si les répercussions des politiques tarifaires américaines sur l’économie sont actuellement sous les feux de la rampe, il est crucial de ne pas négliger les risques tout aussi importants que représente l’inflation.

L’ interaction entre les droits de douane et l’inflation peut créer un cercle vicieux : les droits de douane peuvent entraîner une hausse des prix des biens importés, ce qui peut à son tour alimenter l’inflation.

De plus, si les entreprises anticipent une poursuite des hausses de tarifs, elles pourraient augmenter leurs prix de manière préventive, exacerbant ainsi les pressions inflationnistes.

De plus, la réponse de la Réserve fédérale au ralentissement économique induit par les tarifs douaniers pourrait également avoir des implications inflationnistes.

Si la Fed baisse les taux d’intérêt ou met en œuvre d’autres politiques monétaires expansionnistes pour contrer les effets négatifs des droits de douane, elle pourrait involontairement stimuler l’inflation en injectant plus d’argent dans l’économie.

« Il est loin d’être certain de savoir comment la Fed finira par équilibrer ces deux risques », a déclaré Lan Nguyen.

Les économistes de la Commerzbank estiment que la banque centrale américaine prendra probablement en compte l’impact inflationniste des droits de douane lors de la détermination des ajustements des taux d’intérêt.

Par conséquent, la banque allemande anticipe que les baisses de taux interviendront plus tard que les attentes actuelles du marché.

« Par conséquent, même si nous assistons à une nouvelle hausse de l’or à court terme, il est peu probable qu’elle dure longtemps », a ajouté Lan Nguyen.

L’argent et le platine progressent.

« La flambée du prix de l’or à un niveau record a également fait grimper les prix des autres métaux précieux ces derniers jours », a déclaré Carsten Fritsch, analyste des matières premières chez Commerzbank.

Les prix de l’argent sur le COMEX ont franchi la barre des 34 dollars, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis octobre 2024.

Le palladium a atteint 975 dollars l’once, tandis que le platine a franchi la barre des 1 000 dollars l’once pour la première fois depuis la mi-février la semaine dernière.

« Le platine et le palladium en particulier sont extrêmement bon marché par rapport à l’or. L’écart de prix entre les deux métaux du groupe du platine et l’or est d’environ 2 000 USD par once troy, ce qui est un niveau record », a noté Fritsch.

Le ratio historique des prix or/platine et or/palladium atteint un niveau record de 3:1.

« La sous-évaluation de l’argent n’est pas aussi prononcée. Bien que le ratio or/argent soit récemment tombé à 88, il reste à un niveau élevé », a ajouté Fritsch.

Fritch a déclaré :

Nous voyons donc un potentiel pour l’argent, le platine et le palladium de rattraper l’or.

« L’argent progresse également positivement, et 34 $ reste un niveau clé qu’il doit dépasser et ensuite maintenir », a déclaré Morrison de Trade Nation.